Antoine Wendo Kalosoy (transformé, on ne sait trop pourquoi, en Kolosoy par les chevaliers de la plume) demeure toutefois l’une des figures emblématiques de la musique congolaise de la période qui précède l’indépendance du pays. Fils de Jules Botuli et d’Albertine Bolumbu, le chanteur Wendo Kalosoy est un « nkundo », ressortissant de la province de Bandundu aux confins de la province de l’Équateur.

Etoile scintillante de la maison Ngoma, Antoine Wendo Kalosoy démarre pourtant de façon très anodine en pratiquant de la musique de rue à partir de l’année 1936. Avec ses camarades d’enfance, Wendo Kalosoy évolue dans la rue et étonne un grand nombre de gens qui ne cessent de tarir d’éloges au sujet de son talent avéré. Les échos flatteurs des prouesses vocales de ce phénomène parviennent jusqu’aux oreilles des responsables de la maison Olympia. Aussi, ces derniers n’hésitent-ils pas un seul instant à embrigader le jeune prodige dans leur bergerie jusqu’à la fin de l’année 1945 et au début de l’année 1946. Mais, le jeune Wendo se voit contraint de quitter cette maison qui vient de connaître une grosse faillite.

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À la fin de l’année 1949 et au début de l’année 1950, Wendo rejoint, ainsi, la Maison Ngoma de Niko John Jeronimidis qui se montre, alors, comme un véritable père pour Antoine Wendo Kalosoy. Ce dernier le lui rend, au demeurant, très bien.

Brillant chanteur et fabuleux interprète, Wendo Kalosoy participe à partir des années 1947 dans presque tous les enregistrements de ses congénères, membres de la même écurie. En effet, comme le fait plus tard Joseph Kabasele dans la Maison Opika, Antoine Wendo se voit contraint par le responsable de Ngoma à chanter toutes les œuvres des artistes musiciens, membres de cette maison d’enregistrement (logique commerciale oblige). La voix de Wendo est, donc, devenue synonyme de cette maison de production.

Au faîte de sa renommée, Wendo Kalosoy, sur instruction du responsable de la Maison Ngoma, s’allie à Léon Bukasa et Manuel D’Oliveira. Les trois artistes forment, ainsi, le truculent trio BOW (Bukasa, Oliveira et Wendo) dont les œuvres accroissent le prestige et surtout le chiffre d’affaires de la maison Ngoma. Tout un film retraçant la vie de la méga star Wendo ainsi que bon nombre de ses pérégrinations d’artiste a été remarquablement coréalisé par Roger Kwami Mambu Nzinga et Mirko Popovitch.

Artiste musicien polyvalent, guitariste, chanteur, bête de scène, Antoine Wendo Kolosoy crée autour des années 1949-1950 son groupe Victoria de Kinshasa. Ce groupe fait, ainsi, la réplique à un autre ensemble Victoria, plus ancien, créé à Brazzaville par le chanteur Paul Kamba dont le succès oscille entre les deux formations rivales.

Antoine Wendo est un chanteur à la voix étonnamment alambiquée : il demeure le seul à exécuter et se caractérise, toujours d’ailleurs, par les hululements, marques distinctives notamment du chant Tyrolien qui mélange par succession rapide les notes de poitrine et de tête. Contrairement à la majorité de ses contemporains qui, après le départ des producteurs phonographiques étrangers, ont décroché pour la plupart, le chanteur Wendo Kalosoy se distingue, après 1960, par des apparitions clairsemées tant sur disques que sur scène. C’est ainsi qu’en 1966, il effectue avec Ta Bu Ley Rochereau et African Fiesta National un voyage en Europe qui lui permet de se manifester derechef sur scène et d’entrer en studio à Bruxelles. Devenu pratiquement le porte-étendard des musiciens de sa génération, l’œuvre « Tango ya ba Wendo » de Mulamba Mujos vient conforter cette approche véhiculée dans l’imaginaire collectif des Congolais.

Entre 1972 et 1980, l’artiste participe aux émissions « Bakolo Miziki » qu’animent à la télévision zaïroise Mama Angebi ainsi que Louise Kanzaku et auxquelles participent un panel impressionnant de musiciens de son époque. De ce noyau d’artistes, Wendo Kalosoy finit par monter son groupe actuel Victoria Bakolo Miziki qui l’accompagne, jusqu’à ce jour, dans ses diverses productions et tournées à travers le monde. Seul de sa génération à jouir d’une étonnante longévité scénique, sa voix toujours présente ne cesse de stupéfier les mélomanes qui, régulièrement, viennent savourer les prouesses vocales du fringant octogénaire.

Wendo dispose, chez Ngoma, d’une prodigieuse discographie qu’il est difficile, à partir des données disponibles, de quantifier complètement. Nous présentons, pour des fins de reconstitution, une partie de son patrimoine artistique dans la firme Ngoma :
N° 16 / « Tumuru », « Sebene », N° 17 / « Fini », « Sebene Coq » ; N° 18 / « Masumbuku » ;« Wendo » ; N° 19 / « François » ; « Sanza asiri » ; N° 20 / « Yuyu », « Victoria » ; N° 21 / « Mbanda atika kofinga ngai », « Anse Duye Na Wendo » ; N° 22 / « Mama Nabi », « Kinshasa » ; N° 23 / « Marie Louise », « Botiyaki ntembe » ; N° 24 / « Nato Mama », « Rumbamba » ; N° 25 / « Mawa », « Suzana » ; N° 26 / « Mokolo Na Ndako », « Antoinette » ; N° 71 / « Guillaume », « Owe » ; N° 72 / « Kukufa Na Wendo », « Baninga » ; N° 94 / « Moana Moko Na Popo », « Yoleli-Yoleli » ; N° 226 / « Locia yaka mama », « Lokolela » ; N° 227 / « Wendo alembi », « Marie atindi ngai mokanda » ; N° 229 / « Madongo », « Kame rumba » ; N° 230 / « Otala ngai », « Tale » ; N° 231 / « Laurent » ; « Bakali »  ; N° 232 / « Masumbuku », « Mamadou » ; N° 233 / « Rumba Wendo », « Mboka ezindi » ; N° 234 / « Paul Kamba Atiki biso », « Boni Okolela ngai » ; N° 235 / « Akomi koloba-loba-ntindo boni », « Nalobeli yo mabe na ngai » ; N° 236 / « Yango wana oeingi Ngai », « Bolobaka bolobaka, ngai na yo toloba te » ; N° 237 / « Michel kalinga Wendo », « Angelica » ; N° 238 / « Mama, Boni yo Koboya ngai », « Jolite » ; N° 239 / « Bolingo » ; « Mama, bakosomba Liwa » ; N° 240 / « Malamu », « Bouchon na bière ntalo te » ; N° 436 / « Mutu moko abongisa mokili », « Dame » ; N° 437 / « Bubule », « Mama abota Moana » ; N° 438 / « Marie », « Makila mabe » ; N° 439 / « Pardon tata », « Baloka ngai » ; N° 926 / « Biso banani ? », « Naboyi na ngai » ; N° 1121 / « Tokowila-wila », « Albertine » ; N° 1163 / « Bana Ngoma », « Babanji Ngoma ekufi » ; N° 1164 / « Tango ya bolingo », « Dangwa » ; N° 1177 / « Banalia », « Inongo » ; N° 1280 / « Bokilo », « BaKossi liwa ya Wendo » ; N° 1281 / « Elamba ya yenga ya Noël », »Napesi yo mbongo » ; N° 1345 /  « Marie yo wa nga », « Kitoko ya ba nani » ; N° 1444 / « Libala ya mboka mondele », « Na Kinshasa oyo » ; N° 1452 / « Naluki mwasi wa ngai », « Camille naboyi makambo » ; N° 1453 / « Bandeko ya mboka mosusu », « Saluti ya watoto wa Ngoma » ; N° 1482 / « Eloko nini opesi ngai », « Chérie olongwi na bar » ; N° 1483 / « E kekeke », « Mawa esali ngai » ; N° 1541 / « Liwa ya Bosele François » ; N° 1542 / « Albertine », « O nyokoli ngai » ; N° 1554 / « Obanji ngai nakotula », « Mami na Sofile » ; N° 1555 / « Bolingo na mosolo », « Namoni makambo » ; N° 1571 / « Bibi mi napenda », « Saluti » ; N° 1600 / « Safari ya Roi Baudouin », « Mbula Matari » ; N° 1601 / « Mobembo wa Roi Baudouin », « Roi Baudouin mokonzi wa lokumu » ; N° 1632 / « Likambo te », « Azilaki kobota » ; N° 1633 / « Bokilo azokisi ngai », « Mokanda ya Angélique » ; N° 1634 / « Mi napenda bibi », « E mama » ; N° 1635 / « Mi iko maladi Mali ha iko », « Nalingi yo mingi » ; N° 1687 / « Motema mokiti », « Tambola omona makambo » ; N° 1688 / « Djila moke », « Babengaki biso toboyi » ; N° 1747 / « Mawa makangi ngai », « Mokili mpasi » ; N° 1754 / « Libala elengi », « Tulukana ».

Très malade, Wendo meurt à Kinshasa, à l’âge de 83 ans, le 27.07.2008.

EXTRAIT DU “DICTIONNAIRE DES IMMORTELS DE LA MUSIQUE CONGOLAISE MODERNE“ par Nimy Nzonga

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