“Les portes de l’Enfer”, première plage de l’album, est l’aboutissement d’un vieux rêve nourri depuis longtemps par le compositeur : rencontrer une idole de toujours, dont les disques et la musique d’exception ont sans répit hanté son esprit : Philip Catherine. Cette rencontre, autant humaine que musicale, ouvre les portes de l’Enfer avec un titre écrit comme un vibrant hommage aux pionniers du jazz-rock. Un dialogue passionné entre le synthétiseur et la guitare électrique, où transparaît le profond respect admiratif d’une génération pour son aînée. Pour cette occasion exceptionnelle, une rythmique tout aussi exceptionnelle a été convoquée, en les personnes des incomparables Michel Hatzigeorgiou (basse) et Stéphane Galland (batterie).
“L’âme et la danse”, basé sur un texte d’une virtuosité poétique époustouflante de Paul Valéry, témoigne quant à lui d’une filiation évidente avec l’esthétique vocale baroque et classique. Il aura fallu 6 années pour trouver en la personne de Jean Fürst son interprète idéal. Il n’était pas évident, en effet, de trouver une voix de contre-ténor capable de chanter pratiquement a capella près de 20 minutes sans interruption en alliant une justesse parfaite, un timbre magique et une musicalité aussi époustouflante que le texte pouvait exiger. 10 années pour trouver une soprano de qualité similaire (Nele Peeters), un quatuor à cordes (Musiques Nouvelles) qui accepte de ne jouer que triple piano et non vibrato à des moments déterminés par un algorithme improbable, ainsi qu’un piano adéquat qui jouerait les quelques mesures d’introduction, incroyablement lourdes de sens, un beau Bechstein de 1876, amoureusement restauré pour ce projet.
Comment s’étonner alors que Jean-Paul Dessy, chef d’orchestre de l’Ensemble Musiques Nouvelles, et Charles Loos, leader du trio Ménage Artois, aient fait appel à Stéphane Collin (compositeur à la carrière multiforme et transdisciplinaire) pour tenter ce mariage des vertus formelles classiques et de l’improvisation jazz? Il s’agissait d’intégrer au sein de l’orchestre les musiciens du trio de Charles Loos, en évitant tant le combo jazz avec des cordes, que le concerto grosso avec des solistes originaux. Tous les moyens pour y parvenir sont ici rassemblés, y compris l’enthousiasme (très cher pour le compositeur) des parties prenantes. En témoigne cette suite intitulée « L’Enfer », microclimat particulièrement favorable au succès de la fusion.
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